PORTRAIT

Dirigeants, pensez créinvestissement !

La particularité de l’entreprise française est « le dirigeant seul dans son bureau ». Ailleurs, l’entreprise est « dirigée à plusieurs ». Le modèle français n’est plus viable, le dirigeant le sait. Seulement, comment passer le pas ?

La recherche d’un associé, apportant compétences manquantes et capital, est une solution élégante et efficace, à laquelle peu de chefs d’entreprise pensent. Dans ce « portrait d’interpreneur », Catherine Martin, livre 15 ans d’expérience de « créinvestissement ».

Qu’est-ce que le créinvestissement ?

C’est le fait d’associer un entrepreneur qui dispose d’un potentiel de développement qu’il ne parvient pas à réaliser à un manageur aguerri aux techniques de développement d’entreprise (essentiellement commercial  et parfois financier) et qui dispose d’un petit capital qu’il souhaite investir.

Comment en êtes-vous arrivée à cette idée ?

Je peinais à faire des levées de fonds pour de jeunes entreprises qui avaient un savoir-faire technique et du potentiel mais ne rassuraient pas les investisseurs en raison d’une faiblesse voire une vacuité de la fonction commerciale. Dans le même temps, bénévole pour une association de cadres en repositionnement professionnel, j’observais que certains d’entre eux aspiraient à se positionner dans une entreprise de petite taille mais ne savaient pas les trouver. L’idée m’est venue de les rapprocher.

On dit que le « dirigeant seul dans son bureau » est un mal français ? Est-ce vrai ? Si oui, pourquoi ?

Oui, le Dirigeant de TPE ou de PME se plaint souvent de solitude et aspire à partager le poids des responsabilités. Il est la colonne vertébrale de l’entreprise et sur le pont en permanence. En cas de difficultés de trésorerie son salaire est une variable d’ajustement. Ses salariés n’ont pas la même implication et il craint que ses concurrents ne le pillent, donc il reste seul et tourne en boucle sur ses seules idées la plupart du temps.

Compléter l’équipe de direction de la PME est-elle une urgence ?

Clairement oui si l’objectif est le développement de l’entreprise. Un dirigeant est excellent sur certains aspects, généralement le métier et la capacité à trouver les premiers clients. Une équipe complète permet de professionnaliser chaque fonction et de changer de dimension

Quels sont les intérêts du Créinvestissement par rapport à d’autres solutions ?

Le créinvestisseur est un aspirant à l’entrepreneuriat, un bâtisseur qui s’inscrit dans le long terme.  l’objectif est de constituer un binôme avec le chef d’entreprise où chacun prend sa part de travail et de responsabilité.

Que vous a appris 15 ans de pratique ? Quels sont les difficultés d’une procédure de créinvestissement ? Comment les surmontez-vous ?

La peur de l’Autre et l’Ego sont les 2 points d’achoppement. Nous appliquons une méthodologie rigoureuse qui débute par un travail sur le Dirigeant (qui est-il, que souhaite-t-il vraiment, avec quelles personnalités ne peut il absolument pas s’entendre ?) Puis nous sélectionnons des manageurs a priori compatibles et disposant des compétences requises. Puis nous enchaînons sur la construction du binôme avec différentes étapes. Nous terminons ce travail par la rédaction d’un contrat qui détaille les droits et obligations de chacun, les objectifs et les conditions de sortie, le cas échéant.

Un conseil, pour le dirigeant de PME (seul dans son bureau ?) ?

Vous avez osé l’Entreprise, osez l’équipe, osez la fédération des compétences et des savoirs au sein de votre entreprise ou avec d’autres entreprises !

Approfondir ?

Catherine Martin, chez BFMTV.